15 janvier 2022
Après un excellent premier tome DANS LA TÊTE DE SHERLOCK HOLMES T1, on se retrouve avec le deuxième et dernier volume de cette série sur L'Affaire du Ticket Scandaleux de Cyril Lieron et Benoit Dahan. Sortie en 2021, la BD est publiée chez Ankama.
ISBN : 979-1033512547
📕 2/2 | 🏷️ 14,90€ | 📄 48 pages
J'en avais déjà parlé dans mon précédent article, mais j'aime toujours autant le visuel et le découpage de la couverture. On y retrouve la même structure et ambiance quant aux décors et aux différents éléments (pas des moindres) qui la composent, avec d'ailleurs un sympathique rappel des couleurs (rouge et bleu). C'est vraiment un bel objet que je suis fière d'avoir désormais dans ma bibliothèque.
Résumé
Alors que Sherlock Holmes et le Dr Watson sont sur la piste du magicien chinois Wu-Jing, le ministre des Colonies britanniques est à son tour visé. Cette fois, ce sont les plus hautes sphères de l’État qui sont frappées. Quel genre de complot le sulfureux mage peut-il bien tramer ? Le célèbre détective est décidément confronté à un personnage aussi secret qu’inquiétant et il n’est pas au bout de ses surprises…
On commence avec un petit résumé, très rapide, en début de page pour recontextualiser les différents éléments de l'enquête en notre possession. Puis, on se retrouve à nouveau plongé dans les mécanismes du cerveau de Sherlock Holmes. Encore une fois, ses réflexions et ses analyses sont super bien représentées et amenées. Ses collectes d'informations sont toujours pertinentes : techniques utilisées, apparence et physique (les traits du visage, l'état des mains, la voix) ou encore les vêtements et chaussures portées. J'aime beaucoup assister à ses déductions et à ses prises de décisions, fruit d'un véritable processus qui se passe en vérité en quelques secondes seulement.
En revanche, on peut parfois être un peu perdu durant la lecture d'une planche et de l'ordre des cases de la BD. C'est très fourni, très fouillis, extrêmement dense et dynamique comme pourrait l'être la réflexion d'un cerveau aussi incroyable que celui de Sherlcok Holmes au final. Du coup, je me sers toujours, à l'instar d'un Persée avec le fil d'Ariane, du fil rouge qui traverse toutes les cases et les pages de la BD pour me retrouver dans cette construction labyrinthique (c'est le cas de le dire, on apprécie la référence).
Dans ce nouveau et dernier tome, c'est aussi l'apparition et l'introduction, le temps de quelques cases, du personnage tout aussi célèbre et emblématique de l'œuvre de Conan Doyle, Mycroft Holmes, le frère du célèbre détective.
La planche que j'ai prise en photo, c'est vraiment le genre de planche que je trouve magnifique. C'est pour cela que la BD est, au-delà du scénario, graphiquement incroyable. J'aime beaucoup ce principe de double lecture : tout en représentant le visage de Sherlock Holmes, on découvre aussi la véritable machinerie qui se cache derrière. Qui dit machinerie, dit usine et donc aussi fumée. Que ce soit pour évoquer celle d'une cheminée, celle d'un cerveau qui surchauffe (pourquoi pas ?) ou pour représenter l'une des nombreuses addictions du détective : le tabac, je trouve le concept génial.
On sent qu'ils se sont vraiment fait plaisir sur ce projet. Et je dois bien admettre que j'ai moi aussi beaucoup apprécié découvrir cette série. Je pense à une page en particulière que j'ai trouvé très sympa. Pendant que Sherlock poursuit sa réflexion et son analyse, on le voit déambuler dans une sorte de laboratoire (une des illustrations de son palais mental) où il y a du matériel de chimie et de biologie. Et pendant qu'il énumère et monologue sur sa réflexion, on voit apparaître un véritable champ lexical et plusieurs jeux de langage/mot particulièrement apprêté sur la chimie et ses procédés : concentré, cristallisé, sublimation, condensé, extraction, réduction, décanter, précipitation, essence et enfin solution (qui concorde d'ailleurs avec la prise de conscience d'un élément particulier). Et tout ça le temps d'une page!
Dans ce tome, Sherlock revêt enfin ses emblématiques signes distinctifs et désormais indissociables de sa personne : la pipe, le Deerstalker, la loupe et une cape Inverness (macfarlane en français). C'est toujours un moment grisant, je trouve.
Beaucoup beaucoup plus d'éléments interactifs dans ce volume-là, je trouve ça vraiment sympa. J'avais déjà aimé le concept dans le premier, donc j'ai apprécié le retrouver dans celui-ci aussi avec des pages à observer en transparence ou à recourber.
Vers la fin de la BD, on s'éloigne un peu de l'enquête, pour s'attarder sur un propos plus éthique : les zoos humains qui ont existé en Europe durant le 19-20ème siècle. Je connaissais déjà le cas de certaines expositions universelles, mais j'ai trouvé la thématique très instructive. On y retrouve également des propos et une critique de l'impérialisme et du colonialisme de l'Empire Britannique (mais je pense qu'on peut l'appliquer en général à toutes les puissances coloniales) avec notamment des références à la Guerre de l'Opium. Je trouve que c'est vraiment une super bonne lecture avec plein de choses intéressantes dedans, que ce soit historiquement, linguistiquement, scénaristiquement ou encore visuellement. C'est un travail d'une grande qualité.
Et sur cette image d'un Sherlock à la dérive, c'est le retour de son addiction pour la cocaïne et de son oisiveté, se conclut le volume et cette très belle duologie. Jusqu'à ce qu'une nouvelle affaire le sorte de sa torpeur. J'espère vraiment qu'ils produiront autre chose, car je suis très curieuse (et envieuse) de les voir travailler sur une nouvelle intrigue.
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★ ★ ★ ★ ★
Je n'en parlerai jamais assez. Si vous appréciez le personnage de Sherlock Holmes, que vous avez aimé cette BD, les livres ou encore les films avec Robert Downey Jr, vous devez voir la série Sherlock (2010), ou son adaptation : SHERLOCK, LE MANGA, avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman. C'est un chef d'œuvre.
